dimanche 7 juillet 2013

Inconnu à cette adresse



Ces temps ci, la rentrée littéraire approchant, je fais une boulimie de lectures. Je viens d'acheter un grand nombre de livres ces dernières semaines, mais toujours, si ce n'est plus, aussi peu de temps pour les lire. Je favorise donc ceux qui, je sais, me passionneront dès les premières lignes, m'incitant ainsi à ne pas les lâcher.




La semaine dernière ma charmante libraire m'a conseillée Inconnu à cette adresse, de Kressmann Taylor. Connaissant mon amour absolu et total pour les correspondances, elle m'a assurée que j'y trouverai mon bonheur dans cette correspondance fictive, mais inspirée de la réalité, entre deux amis, un allemand et un juif au commencement de l'Allemagne nazie.

Si le début de la correspondance semble banale et marquée uniquement d'une amitié profonde entre ces deux hommes séparés par un océan (Max, le juif, vit en Amérique alors que Martin est retourné vivre dans son pays en Allemagne), très vite la correspondance va basculer, les rapports se transformer en raison de la venue au pouvoir d'Adolf Hitler.

Un récit empreint d'émotions fortes, de souvenirs douloureux d'une époque honteuse dans l'histoire de l'humanité. Le gouffre qui s'installe peu à peu entre ces amis de longue date, est une fenêtre ouverte sur l'état d'esprit d'une époque de répression et de torture.

On y découvre un allemand désireux de voir enfin son peuple sortir des années d'humiliation et de famine engendrées par la Première guerre mondiale, et un juif qui croit bien trop en la sincérité des rapports humains pour voir son ami embrasser le destin funeste d'un monstrueux dictateur.

Extrait :  "La race juive est une plaie ouverte pour toute nation qui lui a donné refuge.[...] Le Juif est le bouc émissaire universel. Il doit bien y avoir une raison à cela, et ce n'est pas la superstition ancestrale consistant à les désigner comme les "assassins du Christ" qui éveille une telle méfiance à leur égard. Quant aux ennuis juifs actuels, ils ne sont qu'accessoires. Quelque chose de plus important se prépare."

A la lecture de ces lignes mon coeur s'est fortement serré et n'a cessé d'être submergé de douleur jusqu'aux dernières lignes du roman. Rien n'est mis de côté, rien n'est oublié de la cruauté de l'Allemagne nazie, tout est condensé dans un roman de 90 pages, dans un style simple, familier mais pourtant si porteur.

Le roman de Kressmann Taylor paru en 1938 dans le Story Magazine fut instantanément salué comme un chef d'oeuvre. Le numéro du magazine fut épuisé en seulement dix jours et des copies furent distribuées à tout va. La nouvelle fut traduite dans de très nombreuses langues.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire