Ça y est, le test affiche positif. Vous
n'en croyez pas vos yeux. Vous l'avez tant espéré, tant attendu.
Vous en avez les mains qui tremblent, votre rêve se réalise. Mais
le bonheur n'est pas le seul sentiment qui vous submerge, la peur et
l'angoisse se mêlent à cette douce euphorie. Mon Dieu, mais c'est
réel, je vais avoir un bébé! Serais je à la hauteur? Que vont
dire nos parents? Certes on n' a pas une situation stable mais on le
veut cet enfant, on s'en fou de ce que pensent les autres. Mais je
n'ai pas envie qu'ils ternissent notre enthousiasme avec leurs
réflexions.
Chéri vient de rentrer, vous lui
annoncez la nouvelle, un bonheur partagé.
Qu'une seule envie maintenant: le crier
sur tous les toits (ce qui veut dire chez vous appeler la meilleure
amie, les parents et l'annoncer sur Facebook, mais ça vous allez
vous en abstenir parce qu'on sait jamais). Vous décrochez le
téléphone votre BFF (Best Friend Forever) hurle avec vous dans le
combiné, ça y est elle sait déjà quel jour elle va vous
accompagner faire les premiers achats, ce qu'elle va vous offrir, et
connait déjà les deux prénoms que vous préférez. L'hystérie
passée, c'est le moment d'appeler votre mère. Là c'est pas la même
chose. Vous rêviez secrètement de lui faire le coup du paquet de
café Grand mère mais d'une vous n'avez pas de paquet sous la main
et vous voulez lui annoncer là maintenant tout de suite, et de deux
vous n'êtes pas certaine qu'elle comprenne le message.
La voix plein de joie, de malice vous
lui dites que vous avez une excellente nouvelle à lui annoncer. Dans
sa voix vous comprenez ce qui va suivre, mais dans l'espoir que ce
soit les hormones qui vous induisent en erreur vous poursuivez avec
toujours autant d'euphorie. « Tu vas être mamie! ».
Silence. « Allo? Maman? T'es là? Rooh le téléphone de
merde »
Finalement votre mère se décide à re
communiquer avec vous par le biais d'un « Ah » pas très
enthousiaste. S'ensuit une longue tirade sur le fait que vous soyez
trop jeune, sans emploi fixe, que ça fait à peine 8 ans que vous
êtes avec votre mec ou bien encore que vous n'avez pas terminé vos
études, bref peu importe, vos parents ont toujours LA raison pour
laquelle vous n'êtes pas prête à devenir maman. Pour la simple et
bonne raison qu'elle n'est pas prête à considérer que vous n'êtes
plus un bébé.
Et ce genre de tirade, bah d'une vous
n'avez pas envie de l'entendre parce qu'elle vous pourrie votre
bonheur et de deux, pourquoi les parents ne sont ils jamais foutus
d'être heureux pour vous tout simplement?
Les mois passent, durant lesquels votre
mère a trouvé le moyen de vous pourrir encore quelques moments
importants avant de basculer dans le « non c'est pas comme ça
que tu dois faire », et vient le jour où votre petit bout de
chou rejoint le monde cruel où vous allez le couvrir d'amour et
l'étouffer avec votre surprotection en attendant le jour où, vous
aussi, vous deviendrez aussi agaçante que votre mère, malgré le
fait que vous ayez juré toute votre vie que JAMAIS au grand JAMAIS
vous ne serez comme elle.
Parce qu'être parent c'est aussi
oublier/refuser (barrez la mention inutile) de voir son bébé
devenir grand et ne plus dépendre de nous.
Article appartenant au Journal Tain Tournon
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